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Si tu es arrivé ici, nous pourrons peut-être échanger quelques idées...

Pas d'intolérances sans ignorances...

Publié le 14 Janvier 2015

Les guerres civiles, les exécutions cruelles, l'intégrisme, les attentats dans les grandes capitales au nom de la religion, de la nation, du prolétariat ou de la justice... ce n'est pas la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'une minorité tente d'imposer sa loi à la majorité par la violence et le meurtre. C'est même un "sport" dont on a des traces préhistoriques. Les prétextes changent : faim, profit, ivresse, foi, loi, race supérieure ou peuple travailleur... mais la motivation viscérale reste la vengeance, le plaisir de tuer, de détruire, de faire du mal, d'humilier... plaisir que ressentent tous ceux qui se croient supérieurs et investis de telle ou telle mission sacrée, parce qu'ils sont inconsciemment rongés par des jalousies inavouées (la plupart du temps, ils jalousent les libertés, les égalités et les amours qu'ils n'ont pas, parce qu'ils se sont soumis à toutes sortes de listes de contraintes, d'obligations et d'interdictions qu'ils ont intégrées à leur identité...)

Tous, tous ont perdu à long terme, même s'ils ont réussi à faire régner la terreur pendant un temps, et même si leurs crimes ont limité la prolifération de l'humanité en tuant des millions d'innocents.

Mais voilà, il faut de temps en temps un électrochoc de violence meurtrière pour qu'on s'aperçoive tout d'un coup de ce que tout le monde sait : la démocratie, le respect d'autrui, la liberté d'expression, la laïcité (comme l'absence de la peine de mort ou l'égalité hétéros-homos) ne sont comprises, dans notre pays, que par une minorité de gens. Et ne sont toujours pas admises par de larges groupes, qui aimeraient bien imposer leurs convictions à tout le pays, au nom du respect qui leur est dû à eux (et à eux seuls)...

À ce propos, vous avez remarqué qu'à travers le monde, cette violence touche surtout des lieux de pensée, de créativité, de vie quotidienne ou de recueillement, et pas les paradis fiscaux ? Il est donc bien clair que ce n'est pas l'inégalité, mais la liberté qui gêne...

Voilà pourquoi, dans ma vie professionnelle, cela fait des années que j'ai développé divers outils ("Cahier éco-citoyenneté", diaporamas, expo "Quel avenir pour quel monde?" de mon employeur "Mer Nature"...) pour lutter contre les ignorances de base, qui ne devraient pas exister mais existent pourtant, non seulement chez les jeunes mais aussi chez les adultes, électeurs, élus, décideurs, transmetteurs inclus. Des ignorances concernant les territoires, les institutions, les droits, les devoirs, les diversités, les liens, les alternatives, les ressources et les technologies. Avec de telles ignorances, un citoyen ne peut pas se situer sur l'échiquier de sa vie ni faire des choix lucides. Nous y apportons des réponses scientifiques claires, argumentées, vérifiables et sans tabous comme en médecine, sur toutes ces questions qui souvent restent sans réponses et suscitent la gêne, concernant la vie, la maladie, la mort, la sexualité, la société, les cultures, les langues, les croyances, leur histoire, la citoyenneté, les libertés, la laïcité, le respect, l'économie, la politique...

Malgré le sérieux reconnu de ces outils, la crainte d'aborder "des sujets qui fâchent" (crainte que l'on appelle à tort "politique de l'autruche" ) est telle, que l'on préfère traiter les symptômes, mais surtout pas les causes d'un mal auquel personne ne veut toucher et que d'aucuns attisent : c'est que dans ce pays, comme dans bien d'autres d'Europe et d'Amérique du Nord, même si la loi dit déjà que nous sommes tous égaux, dans la vie réelle si vous n'êtes pas un homme blanc et et de culture judéo-chrétienne, et même si vous êtes citoyen(ne) du pays, et même si vos ancêtres sont morts pour ce pays, et même s'ils y ont bâti des routes, des ponts, des villes... eh bien tout est plus difficile, plus humiliant, plus lent, moins payé, y compris au niveau des autorités, des services publics, des administrations. Et en plus certains "locaux d'origine" se font une profession de vous accuser à longueur d'années de profiter indûment d'allocations (en ajoutant que vous en avez davantage qu'eux), de leur voler le fruit de leur travail, d'être un feignant, un voleur, un bandit, un voyou... Et si en plus vous êtes une femme, votre place devrait être aux fourneaux et au lit !

Ce mal, il a des noms simples : racisme, machisme, intolérance. Quand vous y êtes confronté à longueur de vie, si votre esprit est un peu faible ou un peu amer, comment ne pas tomber dans les pièges du premier beau parleur qui vous prêtera attention ?

En fait, la plupart des "français récents", des "travailleurs importés" et des femmes ont des cœurs de héros et des nerfs d'acier pour ne pas devenir terroristes par milliers !!!! Et quant à celles et ceux qui, en plus, se sont parfaitement intégrés avec leurs spécificités et en plus, ont bien réussi, ce sont carrément des surfemmes et des surhommes... :-) car eux, en général, n'ont pas trouvé au berceau terroir, héritages, tolérances, nationalité française... eux, ils ont du les mériter !

Ce mal, il a des noms complexes : phtochophobie, identités communautaires, populisme, intégrisme. Quand on y est confronté à longueur de vie, si notre esprit est un peu lucide ou un peu cultivé, comment ne pas tomber dans le désespoir de voir la tolérance, le doute, la connaissance, l'ouverture d'esprit se noyer dans le flot de superficialités, de bêtises, de mauvaise foi et d'instrumentalisations ?

On a tous un devoir de mémoire et instrumentaliser cette mémoire au profit de la politique actuelle est une profanation. Le problème est que tout le monde est aux abois à mesure que les énergies faciles, fossiles et fissiles s'amenuisent, que l'eau s'assèche ou est empoisonnée, que la consommation s'accroît et que les tensions montent. Voilà pourquoi les guerres se multiplient, pourquoi les libertés, la démocratie (le peu qu'il y en avait) s'effritent (Russie, Chine, Turquie, Pologne, Hongrie), ou sont attaquées (Etats-Unis, Europe) et pourquoi les espérances se sont envolées (Afghanistan, Irak, Syrie, Iran, printemps arabes, paix entre Méditerranée et Jourdain). Nous devons préparer les générations futures à survivre dans une situation de pénurie et de guerre, soit ouverte comme la dernière guerre mondiale, soit larvée comme le communisme (que j'ai vécu et qui est une guerre quotidienne de harcèlement, durant des décennies, des dominants contre les populations).

Le 21 avril 2018 paraît dans « Le Parisien-Aujourd'hui en France Dimanche » le "Manifeste contre le nouvel antisémitisme" rédigé par Philippe Val : on y lit que "la terreur se répand en France", qu'"une épuration ethnique à bas bruit" a lieu en France, dont les politiques sont accusés de "bassesse électorale parce que le vote musulman est dix fois supérieur au vote juif".

Je ne savais pas qu’on pouvait comptabiliser les votes par religion en France, où en théorie les statistiques ethniques sont interdites. Et je ne sais pas si le vote musulman est supérieur au vote juif (vu que le taux de votants va de pair avec le degré d’instruction, qui n’est pas le même dans les deux groupes). Mais ce que je sais, c'est que la multiplication des lois, des actions politiques et culturelles en France ne changera rien car la racine du mal n'est pas en France mais entre la Méditerranée et le Jourdain. Elle a un nom politique : blocage du processus de paix. Elle a aussi un nom psychiatrique : schizophrénie collective (ce n'est pas un jugement, c'est un diagnostic). Outre les tragédies du passé qui ont renforcé sinon créé cette schizophrénie collective, elle a trois raisons actuelles d'être :

1)- il existe une minorité d'intégristes qui, côté Palestinien (Hamas, Daesh, Alkaeda...) voudrait anéantir Israël et, côté Israélien (les Haredim ), voudrait dynamiter le Dôme du Rocher pour y reconstruire le Temple de Salomon (pas en sagesse, force et beauté symboliques, un Temple de Paix et de Tolérance, mais en pierre et bois précieux bien matériels, un Temple d'orgueil, de destruction des rêves des autres, de Troisième Guerre mondiale).

2)- cette minorité d'intégristes reçoit, côté Palestinien, l'aide de tout ce que le monde musulman compte de va-t-en guerre, qui compte sur elle pour affronter Israël, se faire tuer et donner aux musulmans une aura mondiale de martyrs ; côté Israélien, celle minorité d'intégristes ne paye pas d'impôts et est dispensée de service militaire, car elle est considérée comme un précieux trésor au nom de l'identité nationale de l'État hébreu... imaginerait-on la France et les Français considérant leurs royalistes, leurs catholiques intégristes et leurs frontistes comme de précieux trésors identitaires nationaux ?

3)- tout cela se sait chez les musulmans, se transmet par internet et se dit dans les mosquées, même chez les modérés qui récusent la violence, et fait, sur l'antisémitisme séculaire, qu'il soit chrétien ou musulman, le même effet qu'un jerrycan de kérosène sur des braises.

Au fait, combien sont-ils, les uns et les autres ?

Palestiniens : 1.757.600 sont citoyens d'Israël (un cinquième des citoyens Israéliens), 4.682.468 vivent dans les "territoires" (soit 6.440.068 entre Méditerranée et Jourdain); 4.500.000 vivent en Jordanie, 630.000 vivent en Syrie (si on peut appeler ça "vivre"), 402.582 au Liban et environ 2 millions dans la diaspora (surtout les pays arabes).

Juifs : 6.484.000 sont citoyens d'Israël (quatre cinquièmes des citoyens Israéliens), 540.000 vivent dans les "territoires" (les fameux "colons"), ‎6.469.500 sont Américains, 460.000 sont Français, 290.000 sont Britanniques, 230.000 sont Russes, 130.000 sont Allemands ou Autrichiens. Mais il faut savoir qu'en raison de l'antisémitisme croissant, on n'a là que le nombre des personnes qui osent déclarer leur judéité, et d'autres estimations d'après les registres confessionnels font état de 650.000 en France, 480.000 au Royaume-Uni et 570.000 en Russie.

Mais la vraie question, comme pour la Shoah, n'est pas une question de nombres (même si les nazis n'avaient tué que cent juifs, dès lors qu'on tue l'autre uniquement pour ce qu'il est, il y a crime contre l'humanité). C'est l'humanité et l'inhumanité, l'amour et la haine, l'humanisme et l'extrémisme dans chaque communauté et en nous. La large masse des citoyens qui parviennent à vivre en paix par delà leurs différences (et n'en demandent pas plus) mais ce sont les "jeteurs de kérosène sur les braises" qui tiennent les micros, font la "une" des média et, trop souvent, recueillent la majorité lors des votes.

En France, les statistiques ethniques ont beau être constitutionnellement interdites, on estime quand même le nombre de musulmans à 2,5 millions et celui des juifs à 650.000, mais il faut prendre ces chiffres avec précaution car plus de la moitié de chaque groupe n'est pas pratiquante, sauf en occasions exceptionnelles comme les mariages, les enterrements et les grandes fêtes. C'est plus un fait culturel que religieux, et si l'on ne compte que les pratiquants réguliers, ils sont moins d'un demi-million chez les musulmans et 125.000 chez les Juifs. Si les mosquées sont bondées, c'est parce qu'il y en a peu et qu'elles sont petites.

Il y a recrudescence des harcèlements de juifs par des musulmans, et les meurtres augmentent, pas seulement en France mais partout dans le monde. Les consulats israéliens s'en frottent les mains et encouragent l'Aliya, l'émigration définitive en Israël, ce ghetto géant dont les habitants doivent payer eux-mêmes le mur qui les enferme...

Pour débloquer le processus de paix entre Méditerranée et Jourdain, il faudrait le courage d'aller à l'encontre de la minorité des "jeteurs de kérosène sur les braises". Personne ne l'a et nous sommes tous des couilles molles : on a plus peur de leurs réactions que d'une Troisième guerre mondiale, voire d'une nouvelle Shoah. On explose l’Irak et l’Afghanistan, on provoque le gros matou Iranien, mais c’est le tigre Pakistanais qui a la bombe… et il est soutenu par le dragon géant Chinois. Mais ni les provocateurs d'effets domino, ni les couilles molles n'ont de lucidité géopolitique. Pour un Hubert Védrine, il y a cent mille ignares et schizophrènes.

Pour la paix, pourtant, il existe de nombreux plans, certains déjà anciens. Certains postulent le divorce, le partage du territoire, deux états, deux capitales, Jérusalem neutralisée mais divisée, et un mur entre les deux (ce qui en fait deux ghettos, mais vaudrait peut-être tout de même mieux que le guerre ?).

D'autres plans sont moins politiques, moins réalistes, moins pragmatiques, mais plus humanistes, plus idéalistes, plus philanthropes, et ne nécessitent ni carte, ni mur, ni séparation, amicale ou inamicale. Ils imaginent une République Hiérosolimitaine laïque, capitale Jérusalem, pour tous les habitants du territoire entre Méditerranée et Jourdain (et Mer Rouge) sans distinction de religion. Ca n'arrivera pas. La laïcité ? les extrémistes n'en veulent pas, et même s'ils ne sont pas majoritaires (sauf à Gaza), ils sont les plus influents (grâce à l'abondance de couilles molles).

Vous allez me dire, une République Hiérosolimitaine laïque ce serait la fin du sionisme. Et la situation actuelle, c'est conforme à l'idéal sioniste ? Un ghetto géant entouré d'un mur que ses habitants doivent financer à grands frais (sans parler de l'armée, des armes et de la bombe atomique) et où les juifs ne sont jamais vraiment en sécurité, était-ce ça l'idéal de Theodor Herzl ? Il doit se retourner dans sa tombe ! Que d'éclats métalliques entre Méditerranée et Jourdain… des armes, des munitions, des barbelés, des chars… et beaucoup de kérosène aussi… l'idéal des complexes militaro-industriels de tous pays et de tous bords ! Une 3-e guerre mondiale, voilà l'idéal des complexes militaro-industriels de tous pays et de tous bords !

Israël aurait pu naître en Ouganda (si, si, vérifiez). Heureusement, ce ne fut pas le cas (moustiques, palu, dengue, guerres tribales). Israël aurait pu naître dans l'État de Washington en Amérique du Nord. Là au moins, l'idéal sioniste se serait réalisé. Mais pas celui des religieux.

Quand j'étais à l'école communiste en Roumanie, on nous disait que le religion est l'opium du peuple et que la spiritualité n'est qu'illusion, car tout est matière. Mais la religion n'est un opium que pour les "doux", les "colombes" ou les "couilles molles", selon qu'on les regarde avec ou sans sympathie. Pour les "durs", les "faucons" ou les "gros cons", elle est une munition, un explosif, un détonateur. Ceux-là non plus n'ont pas peur d'une Troisième guerre mondiale, ni d'une nouvelle Shoah : ils les souhaitent, sûrs qu'ils feront ainsi disparaître leurs ennemis, en y échappant eux mêmes. Comme en 1939. Telle est leur clairvoyance, car tout devient dogme à qui en a psychiquement besoin. C'est ça une schizophrénie collective.

Pas d'intolérances sans ignorances...
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