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Si tu es arrivé ici, nous pourrons peut-être échanger quelques idées...

Sourde obscurité

Publié le 24 Mars 2017

 

Les idéalistes pensent que la nature est une « mère » pour ses « enfants ».

La nature commence dans notre intimité : c’est notre propre organisme qui a besoin d’air, d’eau, de nutriments sains. La nature est dans nos maisons : ce sont les milliers de modestes et souvent invisibles nettoyeurs qui font gratuitement notre ménage là où balais et aspirateurs ne peuvent passer.

Mais nous détestons la nature : nous combattons la "vermine" avec toutes sortes de poisons, nous rasons les herbes et les pâquerettes pour avoir une sorte de moquette verte à la place, et nous (mal)traitons nos corps pour qu'ils ressemblent le plus possible aux mannequins en plastique des vitrines des grands magasins. Beaucoup d'entre nous élargissent la notion de "vermine" à tout ce qui ne leur ressemble pas.

Lourde ingratitude !

La nature est notre banque de ressources. Nous vivons tous à crédit aujourd’hui, et depuis deux siècles déjà. L’ardoise s’alourdit. Plus dure risque d’être l’échéance. De sourdes menaces naturelles planent déjà sur nos querelles.

La nature reste pourtant très riche et très belle. Un véritable patrimoine. Nos racines. Elle pourrait être notre salut, si nous savons nous y prendre pour une gestion responsable. Il n’y a pas d’économie durable sans gestion responsable : tout entrepreneur, tout producteur, tout chef de famille le sait.

Mais nous sommes trop occupés à nous détester, nous intimider, nous insulter mutuellement, à jeter de l'huile sur le feu, à renier nos propres paroles, à nous allier au diable pour survivre ou prospérer, à balancer toute éthique au feu pour parvenir à nos fins, à tout prix, malgré tous et tout. À préparer la guerre pour avoir la guerre, car elle est source de profits bien plus intéressants que ceux de la paix. À abrutir les foules pour rendre tout cela acceptable. Les "poilus" de 1914 (non, pardon, de 1915 ; non, pardon, de 1916 ; non, pardon, de 1917 : la quatrième année de boucherie seulement) ont appelé cela "bourrage de crânes"  pour fabriquer de la "chair à canons".  C'était bien vu (au bout de 4 ans, enfin) mais ça n'en a pas empêché un certain nombre à vouloir recommencer 21 ans plus tard... C'est qu'on y prend goût, à l'ENFER.

L'enfer n'est pas sous terre, comme l'ont cru nos ancêtres en voyant les volcans. Il est SUR Terre et c'est nous qui le fabriquons, tous ensemble, tous ensemble dans notre sourde obscurité. Avec les mêmes gens, les mêmes ressources, les mêmes savoirs, les mêmes énergies et les mêmes technologies, nous pourrions tout aussi bien bâtir un paradis. Mais le paradis EMMERDE une partie d'entre nous, celle qui traite les autres de "blaireaux" ou de "pov'cons" après les avoir traité de "caves".

L'égoïste n'aime que comme on aime un repas : il consomme ce qui est bon et le transforme en cinglant mépris et en excréments.

Alors écoutez ce morceau de musique de moins de 3 minutes, extrait du générique d'un film historique sur l'attaque du Japon contre les États-Unis dans le Pacifique en 1941 (à ce moment, la Tchécoslovaquie, la Pologne, les pays baltes, l'Éthiopie et la Chine orientale avaient déjà été abandonnées, livrées en sacrifice depuis plus de trois ans : le déshonneur en prélude et en début de la guerre, comme disait Churchill).

Le déshonneur, en France, ce ne fut pas la défaite de Mai-Juin 1940. Une défaite, ça peut arriver même aux plus braves, et avant la France, d'autres pays : Chine, Pologne, Finlande, Pays baltes, Pays-Bas, Danemark, Norvège... avaient déjà été envahis sans pour autant se déshonorer, soit qu'ils aient contré l'invasion (Chine, Finlande), soit que leurs gouvernements se soient réfugiés à Londres (les autres).

Le déshonneur ce n'est pas une défaite, c'est de n'avoir pas attaqué lorsqu'il était encore temps, lorsque les monstres étaient occupés à massacrer la Pologne, et c'est d'avoir continué à vivre comme en temps de paix pendant la "drôle de guerre". C'est d'avoir ensuite trahi la cause Alliée (celle de la démocratie) et nos engagements, en pactisant avec l'occupant dans la lâcheté, la petitesse servile, l'opportunisme immonde et délateur de la "collaboration" qui fit perdre à la France sa dignité, son prestige international, et se traduisit par la fin du statut de langue diplomatique universelle du français au profit de l'anglais.

De Gaulle et une petite minorité ont refusé déshonneur-là, et ont été condamnés pour trahison pour cela. Il ont en effet désobéi à des militaires tels Gamelin, Pétain et Darlan, trop lâches et égoïstes pour assumer leur défaite, refusant une capitulation qui aurait permis de poursuivre le combat depuis Londres et depuis l'outre-mer, et forçant les gouvernants civils à signer un armistice honteux pour ensuite collaborer avec l'ennemi, opprimer leur propre peuple et livrer les minorités en sacrifice à la "bête immonde".

Le déshonneur, après la guerre, c'est, pour la France, d'avoir traité comme des chiens les "indigènes" des colonies qui avaient pourtant versé leur sang pour libérer la métropole, et c'est d'avoir ainsi perdu ces colonies dans l'indignité étriquée, la haine et le sang, à Dien-Bien-Phu, à Tananarive, dans le Maghreb, d'une manière si stupide que les français installés dans ces pays durent les évacuer pour se retrouver réfugiés en métropole, au lieu de contribuer au développement de leur pays natal en y maintenant levée la bannière de la démocratie, des savoirs et de la technicité.

Trahison, ingratitude et mépris des autres vont de pair à long terme. Mais l'épaisse poussière de l'oubli colmate les plaies ainsi infligées, sans juguler l'infection et sans rien cicatriser.

Écoutez comment, en partant d'une mélodie japonaise dédiée à la méditation et à la sérénité, le compositeur parvient, bassons d'abord, tout l'orchestre ensuite, à montrer la montée des menaces, l'accumulation d'orgueil, de morgue, de rapacité, d'irréalisme, d'irresponsabilité dans les hautes sphères qui mèneront l'Empire du Soleil Levant à sacrifier des millions de ses sujets et de leurs ennemis désignés, et pourquoi ? pour mettre toute la puissance des industries américaines au service de la cause alliée, après qu'Hitler et sa clique aient, quelques mois auparavant, mis au service de cette cause les masses humaines de l'URSS en attaquant leur propre allié Staline.

Pas plus que les nazis, les chefs japonais imbus de cruauté et d'imbécillité de caste, n'ont réalisé que l'alliance des ressources des empires coloniaux européens, des industries américaines et des armées soviétiques deviendrait invincible. Leur culture générale n'était pas suffisante pour s'en rendre compte, et leur orgueil les aveuglait. Heureusement pour nous !

Sourde obscurité !

Écoutez, avant de lire la suite... !

 

Aujourd'hui, écoutez comment cette mélodie japonaise (illustrant une éruption volcanique en Islande) chante, bassons d'abord, tout l'orchestre ensuite, l'augmentation des menaces naturelles et de nos stupides divisions, haines et querelles, l'épuisement des ressources, l'alourdissement des ardoises vis-à-vis des ressources terrestres et marines, l'accumulation de rapacités, d'isolationnismes, de nationalismes ombrageux et surtout pas partageux, de mépris pour "les autres", pour la démocratie, pour la coopération internationale, pour la paix, qui mèneront l'Empire du Genre Humain à sacrifier une fois de plus des millions de ses membres, crétinisés par l'ignorance, la pensée en boîte, l'intolérance, la haine, la rancœur, l'avarice, l'amoralité, le narcissisme, les certitudes.

Sourde obscurité !

Écoutez craquer, gronder et crisser l'édifice sapé de la démocratie, de l'élémentaire respect d'autrui et de soi-même aussi (de nos propres engagements). Écoutez s'effondrer l'éthique, la morale, la retenue, le souci du bien commun, ou au moins du bien de son propre pays, de son propre parti, de sa propre famille.

Le manque d'oxygène asphyxie le corps ; le manque d'éthique asphyxie l'âme et la transforme en zombie du pouvoir. On vit mort et on donne la mort sans souci, sans émotion, sans regret. Il est facile de reconnaître ces zombies qui ne sont jamais en haillons, mais toujours élégants et propres, qui ne hurlent pas et ne titubent pas mais parlent bien et marchent droit, affables et fermes à la fois. Ils mentent, volent, tuent directement ou non (l'arme de destruction massive la plus efficace est le stylo qui permet de signer des lois, des ordres ou des ententes aux conséquences meurtrières). Mais dans leur suffisance ils ont pourtant la conscience en paix, trouvent tout cela normal, le monde est ainsi, ils ne comprennent pas qu'on leur en veuille, pensent qu'on les jalouse et n'évoluent pas.

Écoutez la lave, le magma des bêtes immondes (Brecht) faire trembler, en montant des ventres toujours fertiles de la peur et de la haine, les fondations de la paix mondiale ou seulement continentale ou seulement nationale ou même seulement locale, écoutez monter les discriminations à tous les échelons : "moi je vis, toi tu rampes et toi tu crèves", écoutez saliver les sadiques, les fanatiques, les assoiffés de pouvoir, les frustrés de ne pouvoir assassiner, violer, violenter et voler selon leurs envies, écoutez-les préparer un monde qui leur permette à nouveau de s'épanouir.

Parmi ceux qui vivent morts, les plus frustes et frustrés, les plus physiquement violents attendent l'occasion de torturer et tuer ceux qui mourront vivants. Vivants de cette vie d'enfants encore souriants, que ceux qui vivent morts envient inconsciemment à en crever et à faire crever.

Écoutez les irresponsables imbus de leurs arrogances, sûrs de leur supériorité et de leurs passe-droits, droits dans leurs bottes maculées d'aveuglement, d'insatiables appétits et souvent de sang. Écoutez-les confondre réalisme et cynisme, diversité et inégalité, liberté et injustice, prospérité et exploitation. Écoutez les révoltés imbus de leurs haines recuites et rancies, eux aussi sûrs de leur bon-droit et de leur légitimité, droits dans leurs dogmes maculés d'effondrements, d'inavouables règlements de compte et souvent de sang. Écoutez-les confondre égalité et uniformité, justice et vengeance, réhabilitation et revanche, réparation et répression.

Écoutez-les, coupés de tout sens du réel, auto-intoxiqués par leurs propres mensonges et incultures, écoutez-les y croire et éructer le kérosène qu'ils ne cessent de jeter sur le feu des frustrations du monde pour se hisser encore plus haut, vers les ors et les rouges des anciens et des nouveaux pouvoirs.

Sans réaliser qu'en fait ils chutent déjà, la tête en bas, vers le cratère béant, la bouche de l'enfer, en entraînant avec eux des peuples entiers !

Nul parmi les humains ne peut arrêter cette chute. Ni les prophètes des dieux jaloux et colériques, ni les babas des dieux d'amour et de miséricorde, ni les vengeurs du peuple travailleur, ni les défenseurs de notre mère la Terre, ni les héros de telle ou telle race convaincue, elle aussi, de son bon droit et de sa supériorité, et encore moins les penseurs, les bâtisseurs, les chercheurs, les bienfaiteurs et les créateurs dont tout le monde profite mais qui sont si peu écoutés.

Seule la nature remet toujours toutes les pendules à l'heure, les comptes à zéro, les points sur les i. Elle l'a souvent fait par le passé de l'histoire naturelle, de la préhistoire et de l'histoire. Elle le fera encore, sans haine et sans amour, sans paroles et sans égards. Impavide. Inutile de se disputer, de culpabiliser ou de déculpabiliser qui que ce soit : le bilan final devra être équilibré.

Qu’on l’idéalise ou qu’on l’utilise, qu’on l’épargne ou qu’on la pille, qu’on la connaisse ou qu’on l’ignore, qu’on sache l’apprivoiser ou qu’on la craigne, qu’on la respecte ou qu’on la macule de déchets, la nature s’impose à tous sans distinction, humbles et puissants, écologistes et nationalistes, libéraux et sociaux, hommes et femmes, adultes d’aujourd’hui et générations futures.

Moi qui n'étais pas attendu en cette famille, en ce pays et en ce monde, moi qui embrassais les arbres à défaut de pouvoir embrasser des humains, moi qui sauvais des lombrics égarés sur le bitume à défaut de pouvoir sauver des cœurs, je sais que la nature est une « mère » qui, comme la mienne, comme tant d'autres dont celle d'Hervé Bazin, ne fait pas de sentiment. Inutile de leur en vouloir, inutile de les condamner : elles étaient elles-mêmes victimes de leurs passés, de leurs déterminismes. C'est l'effet "domino". Tout ce qu'on peut faire, nous les petits à notre niveau, c'est d'être le domino qui ne fera pas chuter les suivants. La nature, ceux qui en connaissent les lois et savent les tourner à leur avantage en seront récompensés, ceux qui savent les subir passivement en seront plus ou moins épargnés, ceux qui les ignorent en seront sanctionnés, et sans pitié.

Écoutez la mélodie, voyez le magma sortir, et PENSEZ avant d'agir, de parler, de voter, de transférer des courriels de haine, d'envie et de division !

 

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